[ENG/FR] Brasserie du Pays Flamand

(in English below)

Un article de notre série « Sur le terrain »

Le Houblon fait la Force

Brasserie du Pays Flamand

Anna ThomlinsonMichael Vincent

C’est lors d’une matinée d’automne typiquement flamande, ensoleillée mais rafraichissante, et avant que le virus nous reconfine que nous sommes arrivés à Merville dans le Nord de la France, au bord de la Lys, pour une visite typiquement du coin : la Brasserie du Pays Flamand, à l’origine de la bière multi médaillée Anosteké.

à découvrir aussi en podcast via le player ou sur rdlr.faskil.com

Le site de Merville est le dernier né des deux sites de brassage de la Brasserie du Pays Flamand : victimes de leur succès, les fondateurs Olivier Duthoit et Mathieu Lesenne ont réinvesti une autre friche locale pour lui donner une nouvelle vie. Bien entendu, notre sympathie pour les boissons houblonnées était une excuse suffisante, et l’Anosteké est à ce titre une perle rare, mais c’est bien l’approche engagée des brasseurs qui a achevée de nous convaincre. Leur success story s’est construite sur une approche responsable et locale du brassage, aux méthodes respectueuses de l’environnement et des employé-es. Une approche tournée vers l’avenir pour un produit millénaire.

Choisir une démarche responsable n’est pas sans présenter ses défis, aussi bien pour les coûts de production (avec le choix des ingrédients par exemple), l’expérimentation de méthodes nouvelles ou la concurrence. Pourtant, nos deux brasseurs décident de se lancer en 2006 à Hazebrouck – le marais du lièvre – en brassant 240 hectolitres stockés dans leur garage avant de lancer leur 1er site à Blaringhem, en réhabilitant leur première friche industrielle. Adoptant une approche locale, ils décident de compter sur les producteurs de grains et de houblons locaux, afin de dynamiser l’économie locale. Le recyclage de la drèche – le nom donné aux grains une fois utilisés dans la production – leur permet aussi de nourrir le bétail et de produire une partie de leur énergie en collectant le gaz généré dans l’opération par processus de méthanisation.

La Brasserie se construit autour d’une hiérarchie horizontale, l’occasion aussi de lancer régulièrement de nouvelles recettes directement élaborées par les collaborateurs : 3 membres du personnel venant de départements différents – la vente, la production, la compta… – proposent leur nouveau brassin, jusqu’à élaborer le packaging de ces bières “évènement”. Olivier et Mathieu emploient une trentaine de personnes, majoritairement basées à Merville qui assure le plus gros de la production, pendant que le site de Blaringhem se concentre sur l’héritage, proposant un estaminet, des visites, et produisant des bières plus anciennes basées sur la méthode de fermentation Cantillon.

L’environnement est clé dans la démarche entreprise : la rénovation de friches, bien sûr, permettant de dynamiser les environs et de redonner vie à une flore abimée, mais aussi l’envie dans le futur de mettre en place un “tiers-lieu”, site coopératif qui ressemble à une place de village moderne pour organiser des évènements, accueillir les associations et producteurs locaux, et permettre aux riverains d’échanger et d’embellir le vivre-ensemble.

Pourquoi se lancer dans une telle aventure ? La quête de sens d’abord, après des débuts de carrière peu satisfaisants dans la banque notamment. Mais surtout, la conscience du dérèglement climatique. Deux occasions de faire les choses différemment. Brassant aujourd’hui environ 20000 hectolitres de bière par an, la quantité ne se fait pas au détriment de la qualité, et si la bière est disponible à quelques centimes de plus dans les magasins mais restant dans une gamme de prix modeste, c’est aussi pour privilégier une rémunération juste des collaborateurs, des producteurs locaux, et ne pas se lancer dans une course au moins-disant pour garantir une indépendance face à la logique du volume et du profit comme valeur primaire. 

Une démarche épanouissante, respectueuse de l’environnement et du social et finalement rentable, la preuve que cela peut marcher. Nous vous encourageons bien sûr de découvrir par vous-même l’excellente bière Anosteké, à déguster par exemple en écoutant Mathieu Lesenne lui-même nous parler de son expérience dans le dernier épisode du podcast “Rue de la Révolution” pour en savoir plus. On souhaite à la brasserie une excellente continuation. Et merci pour l’inspiration !

Et en bonus, un mini épisode « hors-série » pour parler du processus de fabrication de la bière, pour les amateurs !

Beers with benefits

Brasserie du Pays Flamand

Anna Thomlinson – Michael Vincent

On one of the first truly crisp, cold but sunny mornings of the season we arrive in Merville, north of France – from flemish Meregem meaning “swamp hamlet” – in the heart of the French Flanders region to visit a local jewel – the « Brasserie du Pays Flamand« , brewery of the Anosteké beer also known for having won several « world best beer » awards.

The Merville brewery was created as a second site to enable increasing demand, by childhood friends and founders of Brasserie du Pays Flamand, Olivier Duthoit and Mathieu Lesenne. This company took our attention not just because of our taste for good beers, but because of its successful growth whilst incorporating environmentally friendly methods into brewing, and ‘good for the local society’ company management techniques; a modern and forward-looking approach applied to a very traditional product. 

We have to support bottom up initiatives as well as advocate for top down policy changes to enable the green transition across the board. Growing a startup is very difficult. Not many realise unless you work with founders every day, that it is one of the most difficult paths that one can choose. Choosing for more sustainable methods to run a company gives extra challenges to address. Usually production is more expensive, and then so too is the price, because the ingredients are not yet created on such a mass scale, and the new methods used have not yet been driven to their most cost effective point. Supermarkets have particular prices that they expect suppliers to fit into and it doesn’t matter how important your values are – they won’t give you shelf space if you cannot meet their pricing requirements.

So, in this context, in 2006, Mathieu and Olivier started brewing 240 hectoliters literally in a garage in Hazebrouck – “the hare swamp”. As they gained traction in the market, they moved to an industrial wasteland in Blaringhem rehabilitated it as they did so. They started recycling spent grains (the waste product after brewing) into animal food, and some to a specialist facility which uses it for biomethane production, for electricity generation. They also believe in using exclusively local products and suppliers, to foster the local economy.

Their staffing is arranged in a very flat structure and they regularly run ‘incubating’ projects where three colleagues from different units e.g. production, accounting, sales, team up to create new recipes, from taste to packaging design. They employ 30 people in this way – 20 of them at this Merville site. The Blaringhem is now a place to visit with a tavern, serving beer on tap made using a Cantillon method, which is an old and local approach.

The very environment that they sit in is also important to them – the new site that we are standing on is again an old industrial site which they are gradually replanting with local species. Unfortunately, it is not possible for them to grow their own hops on this ground. However, they are making this into a “Third Place”, a cooperative site like a modern village square where they host events that welcome other local organisations from musicians, to food sellers, to those producing all sorts of other products.

Mathieu and Olivier stepped into this venture knowing that for the first few years they would not be able to sell at prices that would get them into the supermarkets (again leading to higher costs in marketing and distribution). Why did they do this? Because of a feeling of a ‘void’ in their previous ‘regular’ jobs and a growing awareness of the climate crisis. They wanted to do things differently. Mathieu is clear that it was not possible for them to achieve all their goals from the beginning – for instance, they do not yet offer organic beers from a lack of local suppliers. They’ve chosen local suppliers over organic.

These founders have been particularly successful with Anosteké – today they sell 20,000 hectoliters of beer per year. Part of their success (as well as hard work and good company leadership) comes from having investors who support the company values. Many investors push for profit and a good sale price of the company after a number of years, but Mathieu says that he feels truly supported to grow the business in this good for the planet way.

As shown by these founders, good for the planet and community methods can deliver growth and success that many desire for businesses. Thanks for the tour and the inspiration!

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